Sur le terrain avec…
Fatimé Abdallah Mahamat

Je travaille pour la coopération suisse à N’djaména, la capitale du Tchad, depuis février 2019. Chaque matin, vers sept heures, je me rends au bureau en taxi moto: c’est le moyen le plus facile et accessible. La circulation est dense à cette heure-là. Les gens vont au travail, les femmes au marché, les enfants à l’école. Le trajet dure une dizaine de minutes sur une route en mauvais état: l’an passé, des précipitations plus fortes que la norme saisonnière se sont abattues sur le pays durant la saison des pluies, provoquant des inondations sans précédent. Outre les routes dégradées, des centaines de maisons et quelque 2700 hectares de cultures ont été détruits par les rivières en crue.

Pays sahélien et enclavé, le Tchad est particulièrement touché par les effets du réchauffement planétaire. Au-delà des inondations, une grande partie du territoire souffre d’une pénurie chronique d’eau. La population rurale, qui vit de l’agriculture et de l’élevage – les deux mamelles de l’économie nationale comme on les appelle ici –, est considérablement affectée. Pour renforcer la résilience du pays face aux aléas climatiques, la DDC soutient le développement des connaissances sur les ressources hydriques via la cartographie de ces dernières: des cartes et des données sont produites pour améliorer la gestion des eaux souterraines et de surface.

Moi-même, je suis responsable des projets dans les domaines du développement économique et de la sécurité alimentaire. Je me rends plusieurs fois par année sur le terrain pour apprécier les avancées et recueillir les témoignages des bénéficiaires.

D’ordinaire, après la consultation de mes courriels et une petite pause avec les collègues surnommée «BUCO matin» (ndlr: BUCO est l’acronyme de Bureau de coopération), je m’attaque à mes dossiers. Au Tchad, le système de production agricole est rudimentaire et les rendements faibles. Le pays est régulièrement confronté à l’insécurité alimentaire et aux mécontentements sociaux qui en découlent. Pour accroître la production et les revenus des familles paysannes, la Suisse leur facilite l’accès à des semences de qualité et adaptées à l’environnement. L’Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement (ITRAD) travaille sur des semences améliorées, notamment de mil, de maïs, d’arachides et de sorgho. Celles-ci sont ensuite multipliées par des productrices et producteurs et des organisations semencières pour assurer leur disponibilité sur les marchés. Quelque 200'000 exploitations sont visées par le projet.

Un autre projet dont je m’occupe concerne la formation et l’accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes déscolarisés ou non scolarisés. Des centres leur offrent des cursus à la fois théoriques et pratiques, à l’image du système d’apprentissage dual pratiqué en Suisse. Les programmes concernent plusieurs secteurs: l’agriculture, la couture, l’électricité et l’énergie solaire, la maçonnerie, la restauration de proximité, le bois, la réparation d’engins à deux roues ou encore la soudure. Dans ce dernier domaine, les jeunes apprennent à fabriquer des charrues et différents types d’outils qu’utilisent les agricultrices et agriculteurs. Une activité qui réjouit autant la jeunesse que le monde paysan.