Le magazine de la DDC sur
le développement et la coopération
DEZA
Texte: Propos recueillis par Samuel SchlaefliEdition: 01/2021

Cheffe suppléante du domaine Développement économique et création d’emploi au Bureau de coopération à Tunis, en Tunisie

Notre Bureau de coopération, qui compte dix collaborateurs de la DDC, est intégré à l’Ambassade de Suisse à Tunis, dans le quartier de Kheireddine, un peu au-delà de la Promenade de notre capitale. C’est ici que j’évalue des programmes, coordonne le travail avec les partenaires chargés de la mise en œuvre, trouve des accords avec les autorités. Je travaille depuis quatre ans à la DDC et suis responsable, au sein du domaine Développement économique et création d’emploi, de nombreux secteurs: la planification urbaine, l’énergie, l’approvisionnement en eau et l’assainissement.

© DDC
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Dans la région de Kasserine, par exemple, nous avons aidé des communes rurales à améliorer leur approvisionnement en eau potable. Un contexte fort délicat dans un territoire instable depuis des années. La proximité de la frontière favorise la contrebande et la région est une zone de repli pour les djihadistes.

Pourtant, les problèmes principaux sont le manque d’opportunités économiques et l’absence de perspectives pour les jeunes. En Tunisie, le taux de chômage est très élevé. Beaucoup de jeunes ne croient plus à l’ascension sociale grâce à des diplômes scolaires ou universitaires. Chaque année, le décrochage scolaire concerne 100'000 enfants, soit presque un million depuis la révolution de 2011! Aujourd’hui, les jeunes peuvent s’exprimer librement, ce n’était pas le cas à mon époque. Ils ont des droits politiques plus étendus. Mais la transformation économique et sociale n’est toujours pas achevée.

Le soutien aux jeunes ainsi que le renforcement de l’économie et de l’emploi au niveau local constituent donc des priorités. L’encouragement de la décentralisation également. Nous aidons les communes à assumer plus de responsabilités pour leur population et leur environnement. En dépit des structures fédérales mises en place depuis la révolution, les réflexes centralistes persistent chez de nombreux Tunisiens.

Dans le cadre du projet «Acte» (voir encadré), nous aidons actuellement 350 communes à effectuer un audit énergétique. Pour la plupart, elles n’ont pas la maîtrise de leur consommation d’énergie. Récemment, je me suis rendue dans une commune qui consacre 70% de son budget à l’énergie. Les infrastructures sont déficientes, si bien que de grandes quantités de gaz et de pétrole sont perdues. En planifiant de manière ciblée et en investissant dans les infrastructures, les communes pourraient réaliser des économies substantielles tout en œuvrant pour l’environnement. Sur la base de nos audits, j’assiste les responsables dans l’élaboration d’un plan d’action. Ensuite, ceux-ci sont en mesure d’accéder à des fonds et à l’aide internationale.

Dans les processus de planification urbaine, il est souvent difficile de favoriser la collaboration des responsables de domaines administratifs différents tels que l’approvisionnement en énergie et en eau ou encore les transports. Il n’y a pas d’écoute, chacun gère son propre secteur. À Sousse, une ville de quelque 300'000 habitants à 150 kilomètres au sud de Tunis, nous avons initié, au prix de longs efforts, une planification urbaine intégrée. Ceci a permis de décloisonner les institutions et de dégager de nouvelles capacités précieuses.

Tout cela prend du temps bien sûr, mais, au vu des premiers résultats, je suis très optimiste. Les responsables ont, par exemple, élaboré une vue d’ensemble qui répertorie tous les espaces publics de la ville: du jamais vu en Tunisie! Ce projet pionnier à Sousse pourrait inspirer d’autres villes. Ainsi, nous contribuons de manière directe à une gestion plus respectueuse et plus durable du domaine public. Sousse ne s’en est pas trouvée immédiatement métamorphosée, mais les mentalités évoluent.

Contribution suisse à la transition énergétique

L’Alliance des communes pour la transition énergétique (programme Acte) a été initiée par la Suisse et l’État tunisien. Au total, 350 communes reçoivent un soutien technique et financier dans le cadre du renouvellement et de la gestion de leurs systèmes énergétiques. Actuellement, en Tunisie, l’approvisionnement en énergie repose presque exclusivement sur les énergies fossiles. Pourtant, selon les engagements pris par l’État dans le cadre de l’Accord de Paris, les énergies renouvelables devraient représenter 30% d’ici à 2030. Le projet, qui bénéficie d’expériences européennes et suisses, s’appuie sur le label «European Energy Award». Ce label a déjà été décerné à plus de 400 communes en Suisse, en France, en Allemagne, en Roumanie, au Maroc et au Chili pour leur politique intégrée en matière d’énergie. La contribution helvétique au programme Acte s’élève à 3,6 millions de francs sur quatre ans.

Nous Déménageons. A partir d'avril 2024, vous trouverez toutes les histoires sur l'aide humanitaire et la coopération au développement de la Suisse sur ddc.admin.ch/histoires.

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