Le magazine de la DDC sur
le développement et la coopération
DEZA
Texte: Zélie SchallerEdition: 02/2018

DANS CE DOSSIER

  • Article : LES MONTAGNES, DES RÉGIONS CLÉS POUR UN AVENIR DURABLE

  • Une infobox : DES ANDES À LA CHINE EN PASSANT PAR LE FORUM MONDIAL

  • Interview : « LES PAYS DE MONTAGNE DOIVENT PARLER D’UNE SEULE VOIX »

  • Article : SYMBOLES DE PURETÉ, LES GLACIERS DEVIENNENT DES DANGERS

  • Article : LE REBOISEMENT OFFRE DES PERSPECTIVES

  • Article : TRADITIONS AUTOCHTONES ET OUTILS TECHNOLOGIQUES

  • FAITS ET CHIFFRES

LES MONTAGNES, DES RÉGIONS CLÉS POUR UN AVENIR DURABL

Châteaux d’eau du monde, les montagnes revêtent une importance cruciale pour l’agriculture, la sécurité alimentaire et la biodiversité. Ces écosystèmes particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique courent de graves risques. Inventaire des défis et des solutions.

Dans la Vallée Sacrée, sur les hauts plateaux péruviens à plus de 3000 mètres d’altitude, un petit agriculteur cultive la terre à la main. © Thomas Linkel/laif
Dans la Vallée Sacrée, sur les hauts plateaux péruviens à plus de 3000 mètres d’altitude, un petit agriculteur cultive la terre à la main. © Thomas Linkel/laif

Véritable force de la nature, la montagne fascine. Les cimes enneigées et les lacs glaciaires de l’Himalaya époustouflent. Les paysages spectaculaires des Andes et des Alpes laissent sans voix. Moins connus, le mont Elbrouz en Iran ou le massif du Fouta Djallon en Afrique occidentale impressionnent également.

Les zones montagneuses occupent environ un quart de la surface terrestre et abritent 12% de la population mondiale, dont plus de 90% dans les pays en développement. Elles alimentent en eau douce la moitié de l’humanité qui peut ainsi boire, cuisiner et se laver. L’or bleu des glaciers permet également l’irrigation des terres et la production d’énergie hydroélectrique.

Les écosystèmes de montagne constituent un réservoir de la biodiversité mondiale. Ils renferment environ un tiers des espèces végétales de la planète. Les conditions de vie y sont, néanmoins, âpres. Les populations montagnardes comptent parmi les plus pauvres du monde. Éloignées géographiquement, elles n’ont pas toujours accès aux services de base, tels que les soins de santé et l’éducation. Elles sont souvent mises à l’écart politiquement, socialement et économiquement. Leur existence est, de surcroît, menacée par les avalanches, les glissements de terrain et les crues soudaines dues à l’éclatement de lacs glaciaires. Le changement climatique accroîtra la fréquence et l’intensité de ces événements extrêmes. Les pluies diluviennes, la hausse des températures et la fonte accélérée des glaciers vont exacerber les risques.

Confinace aux femmes

Les populations des vallées reculées du Tadjikistan et du Pakistan sont souvent livrées à elles-mêmes pendant plusieurs jours, lors de désastres naturels, avant l’arrivée des secours. Avec le soutien de la DDC, la fondation Aga Khan pour l’habitat a inculqué à des bénévoles les réflexes et les méthodes à adopter au sein de leur communauté avant, pendant et après un événement. Les équipes sont constituées autant de femmes que d’hommes. Bien que cette composition constitue un défi dans les régions où le rôle traditionnel des femmes est restreint, celles-ci sont souvent les premières sur les lieux d’une catastrophe, souligne l’Université de Berne dans une étude. On leur fait davantage confiance. « Se soumettre aux inondations était la seule pensée que nous avions au milieu des ténèbres et de la pluie très violente. Mais une femme nous a conduits dans un endroit sûr. Si ç’avait été un homme, nous n’aurions peut-être pas été à l’aise de le suivre », évoque Bibi Sharifa, habitante du village pakistanais de Brep.

Le recul glaciaire met en péril la sécurité alimentaire. Il aggravera la pénurie d’eau à moyen terme, remettant en question le mode de vie de millions de personnes à haute, mais aussi à basse altitude. Dans les Andes tropicales, les glaciers ont perdu quelque 40% de leur surface au cours des quatre dernières décennies. Alors que leur fonte engendre, dans un premier temps, une abondance d’eau, le débit des lacs diminue ensuite. « Cette évolution affecte déjà la population, l’hydroélectricité en aval, les pratiques d’utilisation des terres, le tourisme, le développement urbain, les relations sociales, la spiritualité ainsi que les pratiques et les valeurs culturelles », note Christian Huggel, professeur au département de géographie de l’Université de Zurich.

Dans la vallée de Chucchún, au Pérou, on récoltait la glace pour fabriquer un sorbet, appelé raspadilla . Celui-ci représentait non seulement une importante source de revenu, mais également une tradition communautaire. Aujourd’hui, la raspadilla est produite à partir de glace industrielle. Sa texture et son goût sont différents.

Autre conséquence : certains peuples remettent en question leurs croyances, voyant que leurs dons et leurs bénédictions n’assurent plus l’approvisionnement en eau souhaité.

Du café sur les sommets

Dans 40 ans, les populations des hautes terres andines ne bénéficieront que de 60% des ressources en eau actuellement disponibles. L’agriculture et l’élevage dans la Puna, au sud-est du Pérou, sont menacés. S’ils ne parviennent pas à s’adapter, les habitants n’auront d’autre choix que celui de quitter la terre de leurs ancêtres. Les petits paysans doivent améliorer leur gestion de l’eau et planifier, dans des conditions climatiques changeantes, les dates des semences pour accroître les rendements. Certains produisent de nouvelles variétés. Inimaginable voici quelques années encore en raison de températures trop basses, la culture de la grenadille (plante de la famille des passiflores) ou du café, par exemple, est désormais possible dans certaines zones de haute montagne. En Inde, les populations des contreforts himalayens ont déjà adopté des variétés de riz moins gourmandes en eau.

Au Népal, les ponts suspendus permettent à la population d’accéder aux marchés, ainsi qu’aux soins médicaux et à l’éducation.  © Franck Guiziou Hemis/laif
Au Népal, les ponts suspendus permettent à la population d’accéder aux marchés, ainsi qu’aux soins médicaux et à l’éducation. © Franck Guiziou Hemis/laif

Des méthodes ingénieuses

Au Népal, dans le district de Kavre, pour réduire les pertes de rendement en période de sécheresse, un biofertilisant à base d’urine de bovins combinée à de la paille est utilisé. Le Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes, soutenu par la DDC, promeut des solutions simples qui répondent aux préoccupations des villageois. « Ces méthodes ingénieuses m’ont aidée à améliorer ma production et m’ont permis d’augmenter mes revenus. Les gens ont désormais de l’estime pour moi en raison de mes pratiques », raconte avec le sourire Sita Neupane, une agricultrice.

De manière générale, les cultures et les techniques doivent être diversifiées pour protéger les ressources naturelles et améliorer l’agrobiodiversité, relève l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Sans ces changements, les familles s’appauvriront plus encore. Les hommes seront davantage poussés à migrer, abandonnant leurs femmes et leurs enfants durant de longues périodes. Celles-ci accomplissent déjà de lourdes tâches. Avec la surexploitation des ressources naturelles, elles doivent parcourir des distances toujours plus longues pour récolter le bois de feu et le fourrage. Avec, pour conséquences possibles,

« des déficits alimentaires, l’exode croissant et même la traite des filles et des femmes des montagnes au profit des villes de plaines », met en garde la FAO.

Si elles vont au-devant de grands défis, les montagnes peuvent y répondre. « La rapidité des changements qui y sont observés ainsi que la grande diversité des espèces et des écosystèmes que ces zones recèlent en font un laboratoire privilégié non seulement pour étudier les effets du réchauffement de la planète, mais aussi pour explorer des solutions », souligne Manfred Kaufmann, expert dans le domaine du changement climatique à la DDC. Elles constituent un terrain d’action dans le domaine du développement durable.

Peu après le tremblement de terre de 2015 qui a fait plus de 9000 morts au Népal, une formation de maçons spécialisés en construction antisismique a été mise sur pied avec le soutien de la Suisse.  © DDC
Peu après le tremblement de terre de 2015 qui a fait plus de 9000 morts au Népal, une formation de maçons spécialisés en construction antisismique a été mise sur pied avec le soutien de la Suisse. © DDC

À la condition d’être protégés, les massifs montagneux offrent de multiples possibilités de revenus. La diminution de l’enneigement va, certes, pénaliser l’industrie touristique dans certaines régions et engendrer d’importantes pertes économiques dans un premier temps, mais l’écotourisme et l’agrotourisme peuvent être développés avec la participation des populations montagnardes.

La confection d’articles de grande qualité représente une activité lucrative. Les produits biologiques et artisanaux ainsi que les herbes et les plantes médicinales sont de plus en plus prisés. Le Partenariat de la montagne, alliance internationale volontaire visant à améliorer les niveaux de vie des populations montagnardes et à protéger leurs environnements, encourage des denrées prometteuses. Dans les montagnes de l’Anti-Atlas au sud du Maroc, il soutient la production de safran pour étoffer les recettes des communautés et développer la région.

Autre source de revenu : les paiements pour les services environnementaux, tels que l’eau, la biodiversité et l’énergie. « Veiller à ce que les populations de montagne reçoivent une compensation intégrale pour les biens et les services écosystémiques qu’elles fournissent améliorera les moyens de subsistance locaux et réduira la pauvreté dans les zones de montagne », relève l’Université de Berne dans une étude financée par la DDC. Dans le secteur hydrique en particulier, il existe un grand potentiel d’amélioration en matière de coopération entre montagnes et plaines, présentant des avantages pour les deux parties.

La pénurie d’eau, la déforestation, la réduction de la pauvreté, l’atténuation des effets du changement climatique ainsi que la transition vers une économie verte ne pourront être résolues sans le développement durable des montagnes. « Nous savons que les investissements dans ce domaine apporteront des avantages à long terme à plus de la moitié de la population mondiale », conclut Manfred Kaufmann.

Des logements plus sûrs

La prévention des catastrophes naturelles est capitale au Népal. Après le séisme d’avril 2015 qui a causé la perte de quelque 9000 vies, un fonds pour l’emploi, financé entre autres par la DDC, a mis sur pied une formation de maçons spécialisés en construction antisismique. Trois mille personnes bénéficient de cours durant 50 jours. « Nous proposons les formations aux personnes les plus défavorisées qui n’ont pas d’emploi », indique Ganga Bahadur Bishwakarma, responsable du module. Les ouvriers diplômés et les voisins à qui ils transmettront les connaissances acquises devraient permettre la reconstruction d’au moins 4000 logements. Dilli Gubaju a emménagé dans une nouvelle habitation modèle à Chuchure (district de Ramechap) : « Grâce à des tirants horizontaux en bois, notre maison est plus solide que l’ancienne bâtisse, ce qui devrait lui permettre de résister à toute nouvelle secousse. » « Aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir aider d’autres habitants à construire leurs propres maisons, plus sûres. »

© Dessin de Jean Augagneur
© Dessin de Jean Augagneur

LA DDC ET LES MONTAGNES

DES ANDES À LA CHINE EN PASSANT PAR LE FORUM MONDIAL

De par sa topographie, la Suisse connaît parfaitement les défis qu’un environnement de montagne soulève. De longue date, ce pays alpin met à profit son expérience sur les flancs des plus hautes cimes à travers le monde. La DDC améliore les conditions de vie des populations les plus vulnérables dans les zones montagneuses, trop souvent délaissées. Cet engagement se révèle essentiel, car le nombre des personnes frappées par l’insécurité alimentaire dans ces régions n’a cessé de croître ces dernières années.

La coopération helvétique aide les plus défavorisés à s’adapter au changement climatique et à se prémunir contre les catastrophes naturelles en hausse. Le but est d’accroître la résilience et le bien-être des populations de montagne, qui ne disposent pas de services de base à proximité.

En Europe de l’Est, la DDC travaille avec les populations locales pour valoriser les produits du terroir et développer un tourisme durable. Au Népal, la Suisse appuie l’aménagement des infrastructures depuis plus de 50 ans. Elle a soutenu la construction ainsi que la rénovation de 500 kilomètres de routes et de quelque 5000 ponts suspendus. Au Tadjikistan, elle modernise les systèmes d’irrigation. L’objectif est double : augmenter la productivité des exploitations agricoles et diminuer les risques d’inondations.

Au Pérou, des scientifiques suisses étudient le déclin des glaciers grâce au soutien de la DDC pour établir le bilan hydrique futur et prévenir les catastrophes naturelles. La fonte des glaces affecte aussi la Chine, où les températures moyennes ne cessent de grimper. Dans la province du Xinjiang, les experts helvétiques ont élaboré un système de surveillance et d’alerte.

La coopération suisse intervient également sur la scène politique internationale. Elle contribue à la prise en compte des régions de montagne dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable des Nations Unies et les analyses du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. La DDC a, en outre, fondé le Forum mondial de la montagne. Cette plate-forme d’échange d’expériences et de stratégies pour le développement durable des zones montagneuses se tient tous les deux ans.


« LES PAYS DE MONTAGNE DOIVENT PARLER D’UNE SEULE VOIX »

Eklabya Sharma est le directeur général adjoint du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD), basé à Katmandou au Népal. Il évoque les multiples défis auxquels sont confrontées ces régions face au changement climatique notamment

Que fait exactement l’ICIMOD, soutenu par la DDC ?

Enrichir les connaissances à propos du changement climatique, transmettre celles-ci et renforcer les capacités des populations de montagne sont au cœur des activités du Centre, qui regroupe huit pays de l’Hindou Kouch himalayen : l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, la Chine, l’Inde, le Myanmar, le Népal et le Pakistan. L’organisation jette des ponts entre scientifiques, politiciens, communautés des montagnes et des plaines. Elle travaille sur six axes : la résilience des peuples, la gestion des paysages transfrontaliers et celle des bassins fluviaux, la cryosphère, le système d’information régional, les réseaux de connaissances et d’action ainsi que l’atmosphère.

Comment améliorer cette dernière par exemple ?

Grâce à des stations de surveillance, des observatoires et des satellites, nous identifions les sources d’émissions et les changements atmosphériques afin d’insuffler des changements dans la région. Nous encourageons, par exemple, des technologies énergétiques efficaces dans la production de briques. Le développement industriel dans le monde entier a entraîné une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre, affectant les montagnes. La pollution atmosphérique a de graves
répercussions sur la santé humaine et les écosystèmes. La brume épaisse et le brouillard hivernal accru réduisent la visibilité, nuisant aux moyens de subsistance des plus défavorisés, ainsi qu’au trafic aérien et au tourisme.

La question des ressources est également préoccupante.

Elle est cruciale. Les populations de montagne sont plus pauvres qu’ailleurs, alors qu’elles disposent des principales ressources naturelles. Dans l’Hindou Kouch himalayen, 240 millions de personnes vivent dans les collines et les montagnes, contre 1,9 milliard dans les bassins qui comptent dix grands fleuves. L’eau des montagnes irrigue les plaines, assurant la sécurité alimentaire de 3 à 4 milliards de personnes.

Les ressources hydriques sont menacées par la fonte des glaciers. Pourtant, l’importance des montagnes est sous-estimée. Pourquoi ?

Les grands pays, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, vouent plus d’intérêt aux zones urbaines des plaines, où vit la majorité des gens. Les montagnes doivent être perçues différemment. Elles sont le point névralgique du changement climatique. L’Accord de Paris entend juguler le réchauffement de la planète à 2 degrés, mais la hausse pourrait atteindre 4 à 5 degrés en hauteur. Il est primordial de renforcer la résilience des 915 millions habitants des montagnes, lesquelles offrent eau et biodiversité à la moitié de la population mondiale.

Comment convaincre donc les gouvernements et la communauté internationale d’investir davantage ?

Les pays de montagne doivent parler d’une seule voix lors des événements internationaux. Pour élaborer des stratégies communes sur le thème du développement durable, l’ICIMOD, qui représente les montagnes asiatiques, promeut l’échange d’informations et d’expériences avec ses homologues africains, sud-américains et européens.

Les effets du réchauffement de la planète sont déjà visibles en montagne. La fréquence et l’intensité des événements extrêmes s’accroissent. Comment s’adapter ?

L’ICIMOD aide les populations à prévenir les catastrophes naturelles. Il encourage une meilleure gestion des ressources naturelles et les bonnes pratiques dans l’agriculture. Le Centre contribue à la mise en place d’assurances contre les événements climatiques et la perte de bétail. Il soutient également la commercialisation de produits agricoles et artisanaux à haute valeur ajoutée, dont les revenus profitent directement à la population.

Ces articles – plantes médicinales, épices, thé – sont destinés aux voyageurs. Le tourisme offre-t-il des retombées positives aux communautés de montagne ?

Le tourisme de masse a des répercussions négatives. En revanche, l’écotourisme est prometteur. Si les visiteurs respectent l’environnement et la culture locale, consomment des produits régionaux, dorment chez l’habitant, ce secteur d’activité se révèle pertinent. La participation des populations est, par ailleurs, essentielle.

Dans le cas contraire, les gens partent. L’exode des jeunes est problématique. Comment endiguer le phénomène ?

De nombreux hommes émigrent vers le Moyen-Orient, les plaines de l’Inde, la Corée du Sud ou la Malaisie pour trouver du travail. Des aides financières devraient être allouées aux jeunes pour développer leurs moyens de subsistance dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, du tourisme et de la construction.

Lorsque les hommes émigrent, l’ensemble des travaux agricoles incombe aux femmes. Que faire pour améliorer le sort de celles-ci ?

Il faut les aider à s’organiser en institutions qui les avertissent en cas de catastrophes naturelles et leur transmettent les prévisions météorologiques ainsi que les variations des prix des cultures. Des pratiques simples et abordables facilitent, en outre, la collecte de l’eau et augmentent la fertilité des sols.

Face à l’ampleur de ces nombreux défis, vous ne vous sentez pas découragé ?

Non, je reste optimiste. Je suis un homme de la montagne, rempli d’espoir et d’énergie pour un avenir meilleur. J’ai le sentiment que nous allons dans la bonne direction, celle du développement durable. Les huit pays que regroupe l’ICIMOD y travaillent. Je suis heureux de pouvoir dire que plus de 300 scientifiques et responsables politiques se sont réunis pour évaluer l’Hindou Kouch himalayen dans son ensemble, en vue d’une coopération régionale promouvant la durabilité.

EKLABYA SHARMA est directeur général adjoint du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD). Il possède plus de 30 ans d’expérience dans la gestion durable des ressources naturelles de l’Hindou Kouch himalayen. Il est titulaire d’un doctorat en écologie de l’Université Banaras Hindu, en Inde. M. Sharma a fondé, dans l’État de Sikkim, un centre régional du G.B. Pant National Institute of Himalayan Environment and Sustainable Development. Il a rejoint l’ICIMOD en 2001, où il a occupé différents postes. Il est notamment membre de l’Indian National Science Academy et a reçu de nombreux prix nationaux et internationaux, notamment le Honorable Mention Paper Award de la Soil and Water Conservation Society des ÉtatsUnis en 1999.

© ldd
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SYMBOLES DE PURETÉ, LES GLACIERS DEVIENNENT DES DANGER

Les glaciers sont témoins et victimes du changement climatique. Leur retrait met en péril la sécurité et l’approvisionnement en eau de millions de personnes. Les scientifiques étudient ces véritables mémoires de la planète pour limiter les risques de catastrophes et s’adapter aux nouvelles conditions.

Les glaciers ont suscité effroi et émerveillement à travers les âges. Ils ont façonné les paysages et affecté la répartition des espèces. Ils redistribueront les cartes à l’avenir également. Avec des conséquences écologiques, sociales et économiques importantes.

Les glaciers et leur écosystème, à la fois complexe et fragile, figurent parmi les indicateurs les plus fins du réchauffement climatique. Les changements en cours peuvent s’observer à l’échelle d’une vie humaine : les débits des cours d’eau ne cessent de fluctuer, les glaciers fondent et, à plus long terme, la couche la plus froide du sol, le pergélisol, dégèle. L’un des risques majeurs à craindre : la rupture d’une barrière glaciaire. S’ensuivent des crues brusques, violentes et dévastatrices. « Elles peuvent emporter des régions entières. Des sédiments et des matériaux meubles (situés sous le glacier et remontant à la surface pour la première fois) sont mobilisés dans des coulées de débris et constituent une importante menace pour les communautés et les infrastructures », explique Christian Huggel, professeur au département de géographie de l’Université de Zurich.

Les régions particulièrement touchées sont les Andes, l’Himalaya, l’Asie centrale et le Caucase. Si elle met en danger les vies humaines, la fonte précoce des glaciers menace également l’approvisionnement en eau douce, qui garantit la sécurité alimentaire. Tenter de prévoir les conséquences du recul glaciaire s’avère donc crucial. Les scientifiques collectent, depuis une centaine d’années, des données en Europe. Celles-ci demeurent, néanmoins, lacunaires dans les pays en développement, relève Martin Hoelzle, professeur de géographie physique à l’Université de Fribourg. Ainsi, pour pallier ce manque, la DDC a lancé le projet « Cryospheric Climate Services for Improved Adaptation ».

Des scientifiques du département de géosciences de l’Université de Fribourg surveillent, par exemple, les glaciers au Kirghizistan et en Ouzbékistan. Dans ces pays, le ruissellement pendant les mois secs de l’été dépend principalement des vastes zones glaciaires des chaînes de montagnes du Tien Shan et du Pamir, note Martin Hoelzle. Pour définir l’état de santé des glaciers, les chercheurs mesurent les variations de masse (perte ou gain de glace). Ils utilisent également la télédétection satellitaire, avec des caméras terrestres ou des stations météorologiques automatiques.

Prévenir les conflits

Une fois les outils de mesure au point, les scientifiques locaux sont formés pour surveiller les glaciers de manière autonome. « Il est très important de recueillir des chiffres précis en Asie centrale, où la distribution de l’eau est un sujet très politique et une source permanente de tensions ou même de conflits. De bonnes projections pour la région permettront aux communautés locales de se préparer à l’avance aux changements à venir et contribueront ainsi à prévenir les tensions locales, régionales, voire mondiales entre les différents pays concernés », souligne Martin Hoelzle.

La Suisse met également à profit ses compétences au Pérou. Une formation post-grade en glaciologie a été mise sur pied en 2012 dans les Universités de Lima, de Cuzco et de Huaraz avec le concours de leurs consœurs zurichoise et fribourgeoise. L’urgence d’un tel cursus s’est précisé en avril 2010, alors qu’un énorme bloc de 300 000 m³ s’est détaché du mont Hualcan, dans les Andes péruviennes. Il s’est abîmé dans le lac 513 en contrebas, provoquant une vague de quelque 25 mètres de haut. Ce « tsunami de montagne », comme certains l’ont surnommé, a provoqué la destruction d’une cinquantaine d’habitations sans faire de victimes. La catastrophe aurait pu être nettement plus grave si elle avait touché les populations en aval.

Hydroélectricité, irrigation, eau potable

La fonte des glaciers tropicaux, dont 99% se trouvent dans les Andes et 71% au Pérou, diminue les ressources hydriques. Au cours des quarante dernières années, ceux-ci ont subi un retrait variant de 33 à 55% selon les régions. Certains disparaîtront sous peu. À court et à moyen terme (d’ici à 2030 au Pérou), le ruissellement des rivières augmentera en raison de la fonte des eaux. Au Pérou, la DDC soutient des projets intersectoriels et participatifs pour une utilisation optimale de cet or bleu supplémentaire dans les domaines de l’électricité, de l’agriculture et de l’eau potable. Le Centre de recherche sur l’environnement alpin a conçu des modèles hydrauliques et hydrologiques qui informent sur l’état actuel des bassins versants (demande hydrique, besoins d’approvisionnement en eau) et permettent de mesurer les effets du changement climatique sur les ressources futures.

Cartes des dangers

Alarmées, les autorités péruviennes ont demandé à la Suisse de l’épauler dans la mise en place d’un système d’alerte précoce pour surveiller la langue du glacier. L’Université de Zurich, l’EPFL, Meteodat – une société issue de l’EPFZ – et le Centre de recherche sur l’environnement alpin, basé à Sion, y ont travaillé avec le soutien de la DDC. Après avoir reconstruit les étapes qui ont conduit à l’événement de 2010 et modélisé les scénarios futurs, les scientifiques, avec les institutions, les autorités et les communautés locales, ont mis en place plusieurs stations de surveillance.

Des capteurs souterrains ont été installés autour de la lagune pour détecter les mouvements et des caméras observent la surface du lac. Si un bloc de glace perturbe celle-ci, le gouvernement à Carhuaz, ville de 13 000 habitants qui se trouve dans la vallée, est aussitôt alerté. Un plan d’action pour prendre les décisions adéquates au bon moment ainsi qu’une carte détaillant les routes sûres à emprunter ont été élaborés.

Ces démarches ont servi de modèle au gouvernement péruvien. Des projets analogues ont été déployés dans d’autres régions. Carmen Valenzuela connaît désormais la carte des dangers. Elle vit avec ses parents au centre de Huaraz, ville située dans le bassin de la rivière Santa à quelque 3000 mètres d’altitude. « J’ai vu le niveau d’eau monter ici à plusieurs reprises, pendant la saison des pluies. Il pleut très fort et les gens ont peur, surtout ceux qui vivent près de la rivière, parce que l’eau apporte de très gros rochers. Cela fait énormément de bruit et les maisons bougent », relate l’étudiante de 21 ans. « Des personnes ont rendu visite aux habitants pour leur donner une carte et nous prévenir des risques. Jusque-là, la majorité des gens ne savaient pas qu’ils vivaient dans une zone aussi dangereuse et ignoraient où trouver refuge. »

Les écoliers péruviens étudient le système d’alarme et le plan d’évacuation à suivre si une barrière de glace venait à se rompre. © Zack Bennett/Cosude
Les écoliers péruviens étudient le système d’alarme et le plan d’évacuation à suivre si une barrière de glace venait à se rompre. © Zack Bennett/Cosude

Surveillé depuis Zürich

Avec ses partenaires de recherche suisses, la DDC renforce, depuis de nombreuses années, les capacités locales pour observer les glaciers : elle soutient actuellement des projets au Pérou, en Inde, en Chine et en Asie centrale. En coopération avec le Centre international pour le développement intégré des montagnes, elle approfondit les recherches dans le domaine du pergélisol. Toute les données sont envoyées au Service mondial de surveillance des glaciers, basé à l’Université de Zurich. « Les résultats offrent une meilleure image de l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers et permettront d’estimer les changements qui y sont liés, tels que l’élévation du niveau de la mer, les cycles hydrologiques régionaux et les risques locaux », précise Martin Hoelzle, professeur de géographie physique à l’Université de Fribourg.


LE REBOISEMENT OFFRE DES PERSPECTIVES

Les forêts sont menacées par le réchauffement de la planète, alors qu’elles constituent un frein important à ce phénomène. Dans les Andes, la DDC favorise l’agroforesterie, le reboisement et la protection des zones naturelles restantes.

Les régions de montagnes concentrent 28% des forêts du monde. Ces dernières rendent de multiples services. Elles régulent les équilibres climatiques, stockent le dioxyde de carbone et purifient l’eau. Elles protègent contre les inondations et réduisent les risques d’érosion des sols.

Les écosystèmes uniques qu’elles recèlent sont, néanmoins, très vulnérables au changement climatique. La déforestation a des conséquences directes sur le climat local et mondial ainsi que sur la biodiversité, la disponibilité en ressources hydriques et la fertilité des sols, soit des éléments essentiels au développement humain et à la stabilité environnementale.

La coopération suisse encourage une gestion durable des forêts de montagne. Dans les Andes (Argentine, Bolivie, Chili, Équateur, Colombie, Pérou et Venezuela) par exemple, son travail consiste à analyser l’impact du réchauffement planétaire sur ces écosystèmes et à promouvoir des approches innovantes afin de protéger les ressources à long terme, indique Patrick Sieber, du Programme global Changement climatique et environnement de la DDC. « Il s’agit également de donner plus de visibilité aux forêts andines dans les politiques nationales et internationales, parce qu’elles y sont souvent marginalisées. »

Considérées comme les petites sœurs des forêts amazoniennes, elles représentent, pourtant, 11% de la superficie forestière totale partagée par les sept pays des Andes et permettent d’atténuer les phénomènes climatiques. Quarante millions de personnes (21% de la population de ces sept États) en dépendent pour l’eau et les autres services écosystémiques qu’elles fournissent.

L’érosion des sols, l’agriculture, l’élevage et les incendies ont entraîné la disparition de nombreuses forêts andines. Dans la région d’Apurímac au Pérou, la population locale reboise des dizaines d’hectares.     © Adolfo Antayhua Chipana/Cosude

L’érosion des sols, l’agriculture, l’élevage et les incendies ont entraîné la disparition de nombreuses forêts andines. Dans la région d’Apurímac au Pérou, la population locale reboise des dizaines d’hectares. © Adolfo Antayhua Chipana/Cosude

La DDC comble les lacunes en matière d’information pour mieux conserver les forêts andines. Sur l’Altiplano péruvien, dans le bassin de Huacrahuacho au sud-est de Cuzco, elle a mené une activité pilote qui a permis de tirer des leçons valables pour l’ensemble de la Cordillère des Andes. À 4400 mètres d’altitude, les prés naturels ne sont pas dans un bon état. Les pluies ont érodé les sols. Les activités agricoles, l’élevage et les incendies ont, de surcroît, dégradé le couvert végétal. Avec la coopération suisse, les habitants ont protégé 34 hectares de pâturages à l’aide de treillis et de poteaux pour permettre leur restauration et planté un millier d’arbres d’essence indigène.

Ecosystème unique

Pour étudier la dynamique des forêts andines, la coopération suisse a installé quatre parcelles permanentes dans le sanctuaire national d’Ampay (département d’Apurímac, au Pérou). Dotée d’une biodiversité unique, cet aire protégée permet la conservation des Intimpas (Podocarpus ssp.). La limite de ces arbres atteint 3800 mètres. Certains sont âgés de 900 ans. « Les activités de recherche et de suivi sont essentielles pour anticiper les changements à venir dus au réchauffement climatique », note Patrick Sieber, du Programme global Changement climatique et environnement de la DDC.


TRADITIONS AUTOCHTONES ET OUTILS TECHNOLOGIQUES

La sécurité alimentaire s’avère très fragile en montagne, où les conditions de production sont rudes. Pour améliorer la nutrition et la résilience des populations, la DDC promeut savoir ancestral et connaissances scientifiques en faveur de l’agrobiodiversité.

Dans le district d’Ala-Buka, à l’ouest du Kirghizistan, les femmes sèchent leurs fruits et leurs légumes pour en bénéficier au fil des saisons et ainsi améliorer leur alimentation. © Marlene Heeb/DDC
Dans le district d’Ala-Buka, à l’ouest du Kirghizistan, les femmes sèchent leurs fruits et leurs légumes pour en bénéficier au fil des saisons et ainsi améliorer leur alimentation. © Marlene Heeb/DDC

Les peuples de montagne sont particulièrement vulnérables à la faim. Ils dépendent grandement de l’agriculture, limitée par les contraintes topographiques, la pénurie de terres arables et les courtes saisons de production en raison de longues périodes hivernales. L’isolement entrave, de plus, les échanges commerciaux. « En outre, de nombreuses régions voient les jeunes partir, avec pour conséquence une diminution de la main-d’œuvre disponible sur le terrain », relève Marlene Heeb, du Programme global Sécurité alimentaire de la DDC. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 40% de la population des montagnes dans les pays en développement souffrent d’insécurité alimentaire. La DDC encourage des pratiques agricoles écologiques en faveur d’une nutrition et d’un environnement sains. Elle forme des travailleurs ruraux qui accompagnent les agriculteurs dans leurs décisions relatives aux cultures et à l’élevage. « Ils transmettent aux familles paysannes des méthodes de fertilisation durables comme l’utilisation du compost, la rotation ou la culture intercalaire », indique Marlene Heeb.

La diversification de la production et les cultures indigènes sont mises en avant. Au Népal, dans le district de Jumla, le travailleur rural Ghanashyam Nagarkoti recommande les haricots noirs, très nutritifs. Perçus comme la nourriture du pauvre, ceux-ci suscitent peu d’intérêt. « Nous avons donc élaboré diverses recettes faciles à préparer et formé les agriculteurs à la culture de ces légumineuses. La production de pesticides biologiques et des méthodes d’adaptation au climat ont permis de doubler les rendements », explique- t-il. « Les excédents sont vendus sur le marché de Nagma, assurant la sécurité alimentaire de toute la communauté. »

Au Kirghizistan, Alisher Yuldashev construit des séchoirs solaires pour fruits et légumes avec les villageois du district d’Ala-Buka afin qu’ils puissent bénéficier de leurs récoltes au fil des saisons. « En sondant un groupe de femmes, nous avons observé des lacunes nutritionnelles importantes dans leur régime alimentaire, particulièrement en hiver lorsque les fruits et les légumes frais ne sont pas disponibles ou seulement à des prix exorbitants. Nous avons ainsi fait valoir la valeur nutritive des fruits séchés et le rôle vital qu’ils peuvent jouer dans une alimentation saine et équilibrée », détaille le jeune Kirghiz.

Des ateliers climatiques

Au Pérou, on cultive des légumes inconnus jusqu’ici, tels que la betterave. « Je ne savais pas comment la cuisiner. J’ai essayé. Comme ça ressemblait à une pomme de terre, je l’ai préparée de la même manière », raconte Cleofé Huarcaya. La jeune femme, âgée de 26 ans, vit à Santa Rosa, dans le département d’Apurímac au sud du pays.

Lorsque les conditions climatiques se révèlent extrêmes et limitent la culture en plein air, les paysans utilisent des auvents. Ceux-ci profitent du rayonnement solaire pour créer un effet de serre et augmenter la température.

Dans la région de Puno (sud-est du pays), des ateliers climatiques ont été mis sur pied. Plus d’une centaine de producteurs y ont déjà pris part. Des scientifiques les forment en météorologie et en agronomie. Les agriculteurs savent désormais gérer les ravageurs ainsi que les maladies de la pomme de terre et du quinoa. Le kcona kcona, par exemple, détruit la graine sacrée des Incas. Les solutions pour lutter contre cet insecte ? La rotation des cultures ainsi que des pièges lumineux ou à phéromones (attraction des odeurs).

Colibris et GPS

Les paysans ont également appris à différencier les concepts de météo et de climat pour mieux se préparer aux événements. Chaque jour, à heure fixe, ils peuvent écouter les prévisions météorologiques à la radio. En cas de conditions extrêmes (gel ou tempêtes de grêle), ils sont avertis par SMS. Ils transmettent ensuite les messages à leurs voisins et à leurs collègues, dans le but de prendre des mesures préventives. Une étude de cas sur la culture du quinoa a démontré que, si les producteurs de la région de Puno réagissaient à une alerte précoce au gel, ils pouvaient éviter des pertes chiffrées à 9 millions de sols (2,69 millions de francs) par saison agricole et assurer une meilleure sécurité alimentaire à leurs proches et à leur communauté.

En Bolivie aussi, les Yapuchiris apprennent à lire les données météorologiques. Ces agriculteurs reconnus ont hérité de connaissances locales ancestrales, relève Rodrigo Villavicencio, responsable des programmes de la DDC dans ce pays. Des bio-indicateurs les aident à planifier leurs cultures. « Si le kiriki (une sorte de colibri) fait son nid au-dessus des roseaux, l’année sera pluvieuse. Au contraire, s’il le constitue au-dessous, la sécheresse prévaudra », illustre le Bolivien.

Avec le changement climatique, ces observations se révèlent moins fiables. Les Yapuchiris utilisent désormais pluviomètres, thermomètres et GPS pour compléter leurs propres informations. « Depuis, les pertes ont diminué de 40% et les rendements triplé », se félicite Rodrigo Villavicencio. Toute petite amélioration est bienvenue sur le haut plateau bolivien, situé entre 2500 et 4000 mètres d’altitude. Les familles paysannes y vivent à la limite du seuil de pauvreté. Avec l’aide de la DDC, les Yapuchiris leur enseignent les périodes de semences favorables, les plantes utiles et les variétés résistantes aux aléas climatiques. Leurs connaissances sont exploitées afin de produire des engrais et des pesticides biologiques. Elles ont permis également d’élaborer un mélange de plantes, de compost et de champignons pour protéger les cultures de la grêle.

Cécité et infections mortelles

D’après des études sur la nutrition, les populations de montagne manquent en particulier d’oligo-éléments. Les habitants des Andes, de l’Himalaya et des chaînes montagneuses de Chine souffrent aussi de carences en iode. En cause : les fortes précipitations et la fonte des neiges, qui peuvent lessiver le sol de sa teneur en iode. Ces personnes présentent un plus grand risque de mortalité infantile, de lésions cérébrales et de nodules thyroïdiens (goitre). Dans l’Himalaya et les Andes, on constate également de fortes carences en vitamine A, pouvant entraîner des problèmes d’héméralopie et des lésions oculaires. Plus graves encore, des cas de cécité et un accroissement des risques d’infections mortelles sont possibles. La faim et ces carences perpétuent la pauvreté, en diminuant la capacité des individus à travailler et à gagner leur vie, souligne l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Autre problème : les engrais chimiques qui ont porté atteinte à la fertilité des sols et à la santé humaine.


FAITS ET CHIFFRES

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